Ex nihilo, nihil...
Comme ces très chères Tahiti 45 et Galoune me réclamaient récemment quelques confidences sur mes lectures et qu'en même temps il y a peu je lisais un article chez Virgibri qui me plaisait assez (il n'y a pas de hasard parait-il), je vais donc m'executer mais bel et bien de cette façon un peu particulière...
1 Le lecteur que j'ai commencé à être :
J'ai beau avoir une bonne mémoire, je n'ai pas beaucoup de souvenirs précis de mes lectures d'enfance. Mais dès que l'on remonte un peu loin, il est difficile de savoir vraiment ce qui est souvenir et ce qui revient aux récits que l'on a pu nous en faire. Quoi qu'il en soit il n'y a pas beaucoup de choses à raconter de ce côté là.
Juste deux épisodes marquants.
Le premier, j'en ai déjà parlé il me semble, c'est ma surprise en découvrant que l'on pouvait écrire le son [f] aussi et contre toute logique apparente avec la graphie [ph] à la lecture de l'enseigne d'une pharmacie par ma mère alors que j'essayais de déchiffrer mes premiers mots.
Damien Hirst, Pharmaceuty, 1996
Le second, un peu plus tard, voire beaucoup plus tard, c'est l'insistance que j'ai mis à obtenir par la bibliothèque municipale de mon quartier d'un livre sur la mythologie, les monstres et les créatures fantastiques, un beau livre en plus, et qui n'était pas forcément dans les priorités d'achat d'une bibliothèque de quartier. Un ouvrage interdit au prêt en plus. Une histoire qui a duré dans mes souvenirs plusieurs mois, avant que je tienne le fameux livre dans mes mains et que je le dévore d'une seule traite.
Ron Mueck, L'homme endormi, 2005
Sinon, rien que de très classique, avec bien sûr Oui-Oui, Fantomette, le Club des Cinq, puis le passage de la bibliothèque rose à celle des plus grands, la bibliothèque verte avec les Six compagnons, Alice, les premières notions de scénario, d'intrigue et de narration.
D'un autre côté j'étais fasciné par les vingt et quelques volumes à couverture rouge en imitation cuir de l'encyclopédie Tout l'Univers que mes parents nous avaient offert à mon frère et moi, j'ai du les lire un nombre incalculable de fois.
Chez mes premiers grands-parents se trouvaient aussi une collection quasi-complète de Lucky Luke que je lisais et relisais, mais dont je ne comprenais à vrai dire pas grand chose, je devais être bien trop jeune pour saisir les subtilités de ce que j'avais sous les yeux.
Chez ma seconde paire de grands-parents on pouvait trouver un nombre impressionnant de livres sur la Seconde Guerre Mondiale, l'Afrique, les colonies et la décolonisation, bref comme vous vous en doutez des lectures très attractives et clairement adaptées au mieux pour un enfant... Par chance, il y avait aussi quelques volumes, mais rares, de La Pléiade mais qui avaient de quoi effrayer même les plus courageux : Guerre et paix de Tolstoï, le Journal de Gide, l'Histoire de la Révolution française de Michelet, Michel Strogoff de Jules Verne sont les titres qui me reviennent, même si je n'ai jamais réussi à un lire un seul : l'immensité et la difficulté de l'entreprise m'assaillait dès les premières pages.
Ce qui me frappait le plus chez mes troisièmes grands-parents c'était l'absence de livres, tout juste quelques magazines et des piles de catalogues ou autres prospectus, une absence toujours d'actualité à vrai dire, mais pour être tout à fait exact il y avait aussi quelques livres de la sélection de Reader's Digest.